Après la Sierra Nevada, direction les déserts du sud de la Californie. Je vais y passer 5 jours entre les parcs nationaux de Death Valley et Joshua Tree et le désert des Mojave. La région des déserts couvre un quart de l’état californien et on y trouve une belle diversité de paysages. J’ai tendance à préférer les paysages de montagnes, mais les déserts du sud de la Californie sont quand même sublimes.

Jour 1 : de Visalia à Ridgecrest

Cette première journée, c’est plutôt de la route, mais je fais quand même quelques arrêts en route comme pour le César E.Chavez National Monument. Comme c’était sur la route et que ça se visite avec le pass America the Beautiful, je me suis dit pourquoi pas. César E.Chavez était un syndicaliste paysan américain, il est connu pour les luttes pour les ouvriers agricoles qu’il a menées dans les années 60 et 70. Pour la petite histoire, Barack Obama a repris son slogan, “Sí, se puede” est la devise des United Farm Workers of America et sa version anglaise “Yes we can” est devenue le slogan de la campagne présidentielle de Barack Obama en 2008, un slogan qui a enflammé l’Amérique à l’époque. Cette demeure aussi connue sous le nom de Nuestra Señora Reina de La Paz était le domicile de César E.Chavez, mais également le quartier général du United Farm Workers. À l’intérieur on y trouve des infos sur les luttes auxquelles César E.Chavez a participé.

Sur la route qui me mène à Death Valley, je passe aussi près du Red Rock Canyon State Park, à ne pas confondre avec Red Rock Canyon National Recreation Area au Nevada, plus connu. Ce petit parc de 110km2 se trouve à la frontière entre la Sierra Nevada et le désert des Mojave. On y trouve de belles formations géologiques rouge, rose et blanches, c’est très beau. La balade la plus populaire du parc est Hagen Canyon Trail, une boucle de 2km qui permet de voir les plus belles curiosités du parc. De l’autre côté de la route qui traverse le parc, on trouve le Red Cliffs Trail, une très courte balade le long des falaises aux belles couleurs.

En milieu d’après-midi je reprends la route, mais la fatigue se fait sentir et je décide de m’arrêter à Ridgecrest pour la nuit. Je profite alors de la piscine de l’hôtel en fin d’après-midi.

Jour 2 : de Ridgecrest à Shoshone

Il me faut environ 1h de route pour rejoindre l’entrée ouest de Death Valley. C’est un lieu unique au monde, c’est l’endroit le plus chaud et arides des USA. C’est le plus grand parc national des USA (hors Alaska), pour comparaison il est légèrement plus grand que la région Île-de-France. Il a d’abord été un national monument à partir de 1933 avant de devenir un parc national en 1994. C’est dans cette vallée que le record absolu de température a été enregistré le 13 juillet 1913 à Furnace Creek avec 56,7 °C. En gros il peut faire bien chaud en été!!! Il faut donc bien faire attention à avoir beaucoup d’eau et de l’essence avant de s’engager dans la vallée (même s’il est possible de se ravitailler dans le parc). À la mi-octobre, il fait moins chaud et c’est bien plus supportable qu’en plein été, c’est d’ailleurs pourquoi j’ai intégré ce parc à ce moment-là, je ne supporte vraiment pas les grosses chaleurs.
Même si le temps est plus clément en octobre, il fait quand même chaud et je ne fais donc pas de randonnée, je vais passer la journée à traverser le parc de point de vue en point de vue.
Mon premier arrêt de la journée est pour les dunes de Mesquite Flat. Je ne fais qu’une centaine de mètres pour les approcher, mais c’est déjà un beau point de vue. Elles font jusqu’à 40m de haut, elles sont belles, mais au regard des dunes que j’ai vues quelques mois plus tôt à Great Sand Dunes National Park, ça manque un peu de hauteur!!!
Je rejoins ensuite Artists Drive, une route de 9 miles en sens unique permet d’observer la multitude de couleurs des formations rocheuses sur les contreforts des Blacks Mountains. L’arrêt incontournable de cette route est Artists Palette où le rouge, rose, jaune (provenant du fer), le vert (du mica) et le violet ( du manganèse) se mêlent pour offrir un spectacle fabuleux.
Un peu plus loin on trouve le Devil’s Golf Course, un ancien lac devenu une étendue de sel sculptée par le vent et la pluie. Il n’y a bien que le diable qui pourrait jouer au golf ici!!!

J’arrive ensuite à Badwater Basin, c’est le point le plus bas d’Amérique du Nord à 85,5m au-dessous du niveau de la mer. C’est le retrait d’un lac qui a laissé cette étendue de sel. Sur la montagne derrière le parking on peut voir le panneau qui indique le niveau de la mer, impressionnant de se dire que l’on se trouve en dessous.

Je continue le long de Badwater Road, il n’y a pas grand monde, mais ça permet de se retrouver comme un peu seul au monde dans cet immense désert. Je passe tout près de Shoshone, là où j’ai réservé pour le soir même, je fais donc mon check-in avant de repartir vers le parc.
Il me faut une heure pour rejoindre mon prochain arrêt Dante’s View, à 1669m au-dessus du niveau de la mer pour une vue panoramique sur la Vallée de la Mort, un coin superbe.

Finalement, je termine mon exploration par Zabriskie Point, l’un des spots les plus photographiés de la vallée, des montagnes façonnées par l’érosion. On voit d’ailleurs cette vue sur la pochette de l’album Joshua Tree de U2.
Ma journée se termine, il ne me reste plus qu’à rejoindre Shoshone, au sud du parc.

Jour 3 : de Shoshone à Twentynine Palms

Pour cette troisième journée dans les déserts je prends mon temps, un peu de repos fait du bien. Je prends ensuite un brunch dans un petit resto de Shoshone avant de prendre la direction sud vers la Mojave National Preserve. Sur la route, je croise un coyote, je n’en avais jamais vu avant, c’était vraiment cool d’en voir un.
Mojave National Preserve est une réserve naturelle de 6500km2 qui protège l’écosystème si particulier de la Californie du Sud-Est à l’avantage d’être plutôt préservé du tourisme de masse, on n’y croise pas grand monde. Comme je l’ai traversé en plein milieu de la journée, je n’ai pas fait de grande randonnée, il fait beaucoup trop chaud pour ça, mais j’ai pu observer de beaux paysages.
Mon premier arrêt est pour le Kelso Depot, un dépôt ferroviaire mis en service en 1924, qui maintenant fait office de Visitor Center, malheureusement fermé le mardi, je n’aurais donc pas d’information sur le parc.
Un peu plus loin, on trouve les Kelso Dunes, bien plus impressionnante que celles de la vallée de la Mort, elles peuvent aller jusqu’à 200m de hauteur. Je les regarde à distance, il fait trop chaud pour se balader en pleine journée.
Le long de la route on trouve aussi les Granite Mountains, un amoncellement de roches de granit assez impressionnant.

Je ne visite pas grand-chose, j’aurais voulu visiter d’autres endroits comme le Lava Tube, mais certaines routes ne sont pas asphaltées et je n’avais pas envie d’avoir un problème sur la route, alors que j’étais toute seule et qu’il fait chaud.
En sortant de la Mojave National Preserve, il me reste encore une heure de route pour rejoindre Twentynine Palms où j’ai réservé pour les deux prochaines nuits au 29 Palms Inn, un bel hôtel avec des bungalows au bord du désert où j’ai pu observer le coucher du soleil.

Jour 4 : Joshua Tree National Park

Pour cette quatrième journée dans les déserts je me consacre exclusivement à la visite du parc national de Joshua Tree. Comme Death Valley, Joshua Tree a d’abord été un National Monument de 1936 à 1994 quand il est devenu un parc national avec le Desert Protection Act. Il protège deux écosystèmes, le désert du Colorado qui se trouve sur des altitudes basses et le départ des Mojaves sur des altitudes plus hautes où l’on trouve l’arbre de Josué qui lui doit son nom. Le parc contient d’ailleurs la plus grande concentration de Joshua Tree du monde.
D’abord un petit arrêt au Visitor Center et je commence mon exploration du parc, je me dirige vers le sud en premier pour aller au Cholla Cactus Garden. Un petit sentier de 400m permet de s’aventurer au milieu des cactus Cholla.

Je continue ensuite vers l’entrée sud du parc pour explorer Cottonwood Spring, une très petite marche permet de rejoindre une oasis avec de gros palmiers. Je fais ensuite demi-tour pour aller explorer la partie nord du parc. Au niveau où les deux routes principales du parc se rejoignent, on peut observer de nombreux amas de roches sculptées par l’érosion. Plusieurs sentiers permettent d’observer ces pierres comme le Arch Rock Trail qui mène à une arche de 9m de large, le Skull Rock qui mène à un rocher en forme de crâne ou encore Cap Rock Nature Trail.

Je continue vers l’ouest et je rejoins Barker Dam, une boucle de 2km permet de rejoindre un barrage créé par des éleveurs de bétails avant que le parc ne soit créé. Pas loin je m’engage dans une autre petite randonnée, le sentier de Hidden Valley, une des plus jolies parties du parc avec des arbres de Josué et la formation rocheuse Great Burrito.

La journée touche à sa fin et je rejoins Keys View, le plus haut point de vue du parc, on y a une vue superbe sur les monts San Jacinto et Gorgonio, la vallée de Coachella et Palm Springs. C’est un endroit parfait pour observer le coucher du soleil. J’y reste un bon bout de temps à discuter avec deux Américains venant de San Diego, qui me donnent de bons conseils pour la suite du voyage.

Jour 5 : De Twentynine Palms à San Diego

Dernière journée dans les déserts, départ matinal. Je n’ai pas énormément de routes pour rejoindre San Diego, mais j’ai décidé de faire plusieurs détours avant de rejoindre le Pacifique. Le premier est pour Pioneertown, une ville Far West construite en 1946 par l’industrie du film pour recréer un décor de western. Environ une cinquantaine de films ont été tournés dans cette ville dans les années 50-60, aujourd’hui il n’y en a presque plus et des personnes habitent cette ville. Par contre les weekends d’avril à octobre on peut assister dans l’après-midi aux “mock gunfights”, des faux duels de pistolet. Je n’en ai pas vu, on était jeudi et j’ai visité le matin!!! Même si ce n’est pas authentique, c’est une visite sympa à faire et gratuite.

Ensuite direction le sud vers Salton Sea, une histoire bien tragique qu’est ce lac. En 1891, une crue importante du Colorado a créé ce lac, des travaux d’irrigation sont alors entrepris et rebelote en 1905, nouvelle crue du Colorado, mais cette fois une des digues qui alimentait les cultures avoisinantes cède et c’est donc des millions de litres d’eau qui se déversent dans cette cuvette à 70m sous le niveau de la mer. Le lac est né. Les premières années tous va bien, cet endroit va même devenir un endroit huppé dans les années 50-60, les hôtels et motels poussent comme des champignons. On s’amuse, on se baigne, le lac attire les célébrités, Frank Sinatra, les Marx Brothers, Jerry Lewis. Des stations balnéaires se construisent… Et puis tout bascule, dans les années 70, d’abord une inondation endommage une partie des constructions puis le niveau de l’eau baisse et c’est là que la catastrophe écologique se profile. Le lac s’est créé dans une ancienne mer de sel, ce qui fait que sa concentration en sel est très importante et avec l’évaporation de l’eau, la concentration est de plus en plus forte. De plus, le lac n’est alimenté qu’avec le ruissellement des eaux de pluie qui drainent les pesticides agricoles de la région, et comme il n’y a pas de rivière pour évacuer les eaux du lacs, la pollution s’accumule, les poissons commencent à mourir, l’eau commence à puer et les gens quittent la région. Aujourd’hui les lieux sont en grande partie à l’abandon, il reste bien encore quelques personnes dans le coin qui vivent dans une grande pauvreté et des conditions misérables, d’ailleurs les cas de cancers y sont quatre fois plus nombreux que dans le reste des États-Unis.
J’avais entendu parler de cet endroit dans un documentaire un peu auparavant et j’étais curieuse de le découvrir. De loin le cadre est idyllique, mais plus on s’approche plus on découvre le tragique de ce lac, on découvre d’abord les nombreux bâtiments abandonnés, la puanteur nous fait un peu reculée, puis le long du lac, c’est les poissons morts que l’on découvre. Comment des gens peuvent encore vivre ici, on se le demande ???

Au sud du lac, on trouve l’étonnante Salvation Mountain une oeuvre d’art recouvrant une colline faite d’argile et de peinture criarde par Leonard Knight. La « Montagne du salut » est recouverte de nombreuses paroles chrétiennes et on peut la voir dans le film Into the Wild de Sean Penn.

En tout début d’après-midi, je quitte le secteur en prenant la direction ouest vers San Diego avec un petit arrêt au parc Anza-Borrego Desert. C’est le plus grand parc d’état de Californie et le deuxième plus grand des USA après celui des Adirondacks dans l’état de New York. Mais comme dit précédemment j’y fais juste un petit passage, il y a encore un peu de routes pour rejoindre San Diego et je ne veux pas arriver trop tard pour pouvoir profiter du coucher du soleil sur le Pacifique. Je vais donc voir un point de vue sur les Badlands, pas évident d’accès, les 7 derniers kilomètres sont sur une piste un peu ensablée par endroit. Mais ça vaut le coup, le point de vue Font’s Point est superbe. Près de la petite ville de Borrego Springs, on trouve des sculptures faites par un artiste local. C’est mon dernier arrêt avant de rejoindre San Diego.

Pour plus de photos, c’est ici.